Quand la charge mentale devient surcharge: comment la repérer, comment trouver des pistes, des débuts solutions?

Vous est-il déjà arrivé d'avoir la sensation d'un cerveau en surchauffe, de penser à des dizaines de choses en même temps avec l'impression de n'aboutir nulle part comme vous le souhaitez ?
D'être conscient-e qu'il faut ralentir mais que le bouton est comme introuvable ?
Que même le corps est comme saturé, et perd un peu son nord tellement il faut courir et se poser pour réfléchir en même temps?
Quand chaque acte que vous accomplissez est ramené au travail, qu'il y a comme une perméabilité entre espace de travail et espace de vie?
C'est ce que je traversais lorsque mon temps de détente s'est imposé. J'ai été sur le fil, un burn out de justesse évité.
Sans sensation de déprime, voire même avec la conscience que ce que je bâtissais était un renouveau porteur, mais sans trouver la bonne formule, le projet juste,....
La charge mentale est comme un poison à bas bruit, bel et bien toxique, qui, à
force de poids, de tâches, d'impératifs, de doutes, épuise.
Pour celles et ceux qui le souhaitent, vous pouvez découvrir l'article qui précède celui-ci:
Chez les professionnels, nous repérerons aussi le risque de fatigue empathique.
Je le savais, en théorie... Certain-e-s d'entre vous me connaissent peut-être. Je suis formée et engagée sur le repérage et la prise en charge du burn out parental, participe à un groupe de partage professionnel centré sur le burn out. J'ai mis en place des espaces de parole, en groupe, pour favoriser les temps de pause, de partage autour de cet axe là.... Que s'est-il passé?
J'ai traversé une longue période de stress relationnel au travail, j'ai eu à coeur de rencontrer de nombreux-ses partenaires professionnels pour mieux connaître les acteurs de mon territoire et j'ai eu envie de penser à des projets avec eux, j'ai eu envie de bâtir un projet sur mesure, pour les professionnelles qui travaillaient avec moi, pour les personnes que nous accompagnons, j'ai tellement eu envie de bien faire, trop bien faire, que je me suis égarée....
Je pense aux personnes que j'accompagne ou que j'ai accompagnées. Je crois pouvoir plus concrètement comprendre l'expérience d'être sur le fil. Je vous remercie chacun-e, qui êtes une source inestimable sagesse, vous m'avez appris à dire stop, appris à accepter de le repos, le sommeil, la veille comme le début de la solution.
Quand mon temps PI devient tant mieux...

Mon ciel s'est éclairci. "Mon temps" s'est détendu...
J'ai adapté les ressources conseillées par les experts, chercheurs, et les sagesses partagées qui ont été une clef dans mon expérience. J'ai observé, dans mon parcours, trois dimensions clés:
-repos et allègement temporaire
-recevoir du soin dans les dimensions affectives, corporelles, cognitives
-restauration de l'équilibre
Et plus concrètement, voici mes étapes et ce qui m'a aidée à les traverser:
- Piste 1: demander de l'aide
J'ai demandé de l'aide à mon médecin, à mes thérapeutes, mes collègues et ami-e-s, amoureux et enfant. Leur écoute et leur soutien, avec chacun leur style et leur champs d'action, ont été bénéfiques pour me poser, m'autoriser à "lâcher", à me relâcher, à juste vivre ma vulnérabilité. J'ai sollicité de l'aide pour déléguer plus de tâches que je parvenais pas à accomplir, même si il reste encore des choses en cours.
-Piste 2: se mettre en pause pour sentir de nouveau le temps non "compressé".
Tout doucement, après plusieurs jours, voire semaines, à un rythme bon pour moi, j'ai observé tout ce que j'avais réalisé en quelques mois. A l'instar des to do list, j'ai essayé de savourer ce que j'avais réussi à faire et à vivre.
J'ai observé les exigences que je m'étais posées, les dates planifiées, les projets évoqués. Et je me suis demandée, est-ce vraiment important? J'aime cette idée, si elle ne se concrétise pas, quel est le problème?
-Piste 3: répondre aux besoins de mon corps.
Je me suis aussi aperçue que j'ai mis mon corps à rude épreuve. Tensions, douleurs, ... j'ai, en autre, à mon rythme, remis du mouvement.
- Piste 4: rencontre avec une dimension émotionnelle plus profonde que ce que j'avais admis.
J'ai accepté la tristesse et les émotions douloureuses traversées durant ces derniers mois. Je suis consciente que les blessures prennent du temps à s'apaiser, cependant en prendre soin est une clé dans mon parcours.
J'ai aussi donné la part belle aux autres rencontres, aux idées partagées, aux perspectives qui sont entrain de germer. Je me suis recentrées sur les partenariats chaleureux et dynamiques, sur les projets passionnants, amusants aussi. Ils sont en partie ma base de sécurité .
Je suis comme redescendue de mon envolée pour habiter mes racines.
5: ouh là là que c'est difficile .....m'éloigner de la recherche du modèle parfait ;-)
Par contre, qu'est ce que je bâtis avec coeur et foi :-)
J'ai réduit mes projets pour me recentrer sur ce qui a profondément du sens pour l'année qui débute.

- aussi dormir, marcher, respirer, flâner, rêver, regarder des films, faire de cuisine, buller au soleil, ...
Piste 6: vous écrire pour partager cet épisode, pour vous inviter vous aussi à témoigner.
Fatigue mentale, épuisement, burn out, nous avons le droit à la vulnérabilité. J'irai même plus loin: la vulnérabilité est une force de vie, une sentinelle merveilleuse.
Elle témoigne de notre commune humanité, de notre histoire comme un puissant expert de l'adaptation. Epuisé, stressé, notre système d'alerte se déclenche.
Prendre soin de nous pour ressourcer, c'est changer des axes de nos vies et rebâtir plus juste, plus aligné, plus sain pour nous.
Je remercie chacune des personnes qui contribue à mon soutien. Je vous remercie toutes et tous pour vos mots... Si vous saviez combien chacun contribue au temps mieux .
Je salue les travaux sur le burn out parental qui ont été un guide pour moi, leur modèle de balance "ressources / stresseurs-charge mentale" a été un repère permanent.
Cet épisode de vie a renforcé ma détermination à explorer les recherches menées sur la charge mentale domestique, maternelle, professionnelle, qui est l'un des domaines de travail qui me tient particulièrement à coeur.
Il me semble aussi fondamental d'aborder la question du retentissement économique d'un arrêt long en situation d'activité libérale. Chèr-es collègues, bâtissez en amont un contexte administratif et économique qui vous permettra d'amortir ces temps d'arrêt. C'est vraiment un axe de prévention pour pouvoir prendre le temps de se restaurer.
Fort heureusement, cet épisode a été un warning salvateur. Aujourd'hui, je vous remercie de votre lecture qui bien sûr, finie par l'envie de dire bonne année, et maintenant même, bon printemps :-)
Une année au plus proche de vos besoins et du temps qui est bon pour vous. Une année riche, une année durant laquelle vous regard sur vous même sera nourri de lucidité, de célébration, de pause et de temps...PI:-))
Pour aller plus loin, quelques ouvrages à explorer:
- La charge mentale des femmes et celle des hommes, du Dr Aurélia Schneider, éditions Larousse
- Le coeur et l'esprit. Vivre le travail autrement , du Dr Leah WEISS, éditions Harper Collins

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